10 choses à découvrir sur l’opérette

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la programmation

En attendant de retrouver Les Brigands et leur opérette Yes ! : France Musique a répertorier les 10 choses que vous ne saviez peut être pas sur l’opérette.

  • Une opérette est un opéra-comique (vraiment) comique

L’opéra-comique est un spectacle musical dans lequel s’alternent passages chantés et passages parlés. L’opérette, elle, a pour vocation de faire rire. On y retrouve l’alternance entre scènes parlées et chantées, alors que l’opéra-comique traite le plus souvent de sujets sérieux, historiques ou mythologiques, l’opérette propose un spectacle joyeux et satirique.

  • Une opérette n’est pas un ‘petit opéra’

Les deux genres sont en fait bien distincts. L’opérette hérite de toute une tradition populaire : celle des foires parisiennes et des vaudevilles. C’est donc contre l’élitisme et le sérieux des grands opéras qu’elle s’est construite au XIXe siècle.

  • Une bonne opérette repose avant tout sur un bon livret

L’opérette est construite sur une double parodie : celle de son intrigue, satire de la société, et celle de sa musique, qui se moque des grandes œuvres lyriques. Mais il faut parodier en toute subtilité car au XIXe siècle la censure sévit encore…

Les succès de Jacques Offenbach sont donc tout autant dus à ses talents de compositeur qu’à la plume intelligente de ses librettistes, Henri Meilhac et Ludovic Halévy, maîtres du sous-entendu et de la dénonciation discrète.

  • L’artiste d’opérette se doit d’être aussi bon chanteur que comédien !

L’opérette, terrain des débutants ou des artistes en fin de carrière ? Certainement pas ! Dans le duo de dispute conjugale du premier acte d’Orphée et Eurydice, par exemple, les vocalises nécessitent autant de technique et de santé vocale qu’un grand aria de Rossini.

Qui plus est, le chanteur d’opérette doit également être bon comédien, et doit faire rire. Or, comme l’a écrit le maître de la comédie : « C’est une étrange entreprise que celle de faire rire les honnêtes gens », Molière

  • Offenbach préférait l’expression ‘opéra-bouffe’

Si les œuvres de Jacques Offenbach sont aujourd’hui classées dans la catégorie ‘opérette’, lui les avait sous-titrées ‘opéras-bouffes’. Pourquoi ? Parce qu’il luttait pour la reconnaissance de son talent de compositeur et que le terme d’opérette souffrait encore d’une connotation péjorative, face notamment aux grands drames lyriques de ses contemporains Jules Massenet ou Léo Delibes. Toutefois, si l’on veut être bien précis, un opéra-bouffe n’est pas tout à fait similaire à une opérette. L’intrigue du premier parodie la société, tandis que celle de la seconde est le plus souvent sentimentale.

  • L’opérette est une spécialité made in France

L’opérette française est née dans un contexte bien précis : celui du contournement de la censure et du rejet des grands spectacles bourgeois. Elle se distingue ainsi de l’opera buffa italien qui, à la manière de la commedia dell’arte, s’est davantage développé dans une tradition de divertissement plutôt que de satire. L’opérette n’est pas non plus l’équivalent du Singspiel, forme germanique proche de l’opéra-comique, aux intrigues souvent fantastiques et dénuées de tout esprit satirique, (comme La Flûte Enchantée). Elle ne se compare pas non plus à la zarzuela espagnole née dans les fiestas aristocratiques de Madrid.

  • L’histoire de l’opérette est celle du combat des directeurs de théâtres

Entre 1669, date à laquelle le compositeur Pierre Perrin obtient le privilège unique de l’art lyrique pour l’Académie royale de Musique, et le premier élan de libéralisation des théâtres au XIXe siècle, la vie culturelle française est rythmée par la censure et les expulsions.

Compositeurs, librettistes et directeurs de théâtres populaires doivent jouer avec les règlements. Le maître du contournement fut certainement Hervé (ou Louis-Auguste-Florimond Rongé, de son vrai nom), auteur de ce qui est considéré comme la première opérette : Don Quichotte et Sancho Pança.

Compositeur, chef d’orchestre, décorateur et machiniste, Hervé a d’abord monté des spectacles pour les aliénés de la Salpêtrière avant de prendre la direction, en 1854, d’un café-concert du boulevard du Temple, les Folies-Mayer qui deviendra le théâtre des Folies-Nouvelles où furent données les premières opérettes parisiennes.

  • L’opérette française s’est exportée à Vienne

Au XIXe siècle, la stabilité politique et économique de l’Empire austro-hongrois permet à Vienne un essor culturel sans précédent, et la valse Aimer, boire et manger de Johann Strauss fils résume bien l’esprit qui règne alors… C’est dans cette Vienne où l’on danse, chante et rit que Jacques Offenbach fait jouer ses œuvres et rencontre un succès triomphant dans les années 1860. Il aurait ainsi soufflé à l’oreille de Strauss : « Vous devriez écrire des opérettes, Monsieur Strauss…»

Dix ans plus tard, le compositeur viennois s’essaye au genre… et composera une quinzaine d’opérettes, dont la célèbre Chauve-Souris, inspirée d’un livret de Meilhac et Halévy, les deux complices d’Offenbach.

Beaucoup d’opérettes viennoises reprennent les intrigues de livrets français, mais une différence reste toutefois à noter : les spectacles viennois sont bien moins satiriques que leurs cousins français.

  • L’opérette n’est pas morte avec Offenbach !

Si l’opérette a été concurrencée au XXe siècle par le music-hall, le cinéma et les comédies musicales, d’autres chefs-d’oeuvre ont bien vu le jour après le règne d’Offenbach !

Citons par exemple Véronique (1898) d’André Messager, Ciboulette (1923) de Reynaldo Hahn… puis le renouveau de l’opérette durant les années folles, avec le ton grivois et osé des opérettes de Maurice Yvain. Ci-dessous un extrait de l’un de ses grands succès, Pas sur la bouche…

  • Le retour en force de l’opérette

Elle est loin d’être absente de la programmation des salles françaises : si les opérettes n’ont toujours pas leur place à Bastille ou à Garnier, elles font régulièrement salle comble au Châtelet, à l’Athénée et dans beaucoup de théâtres de région.

 

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