Angelin Preljocaj : le pouvoir d’émouvoir

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En s’attaquant au conte des frères Grimm, Preljocaj réussit, avec les 26 danseurs de sa compagnie, un ballet romantique moderne et confirme son statut de chorégraphe prodigue.

Né en région parisienne, Angelin Preljocaj débute des études de danse classique avant de se tourner vers la danse contemporaine auprès de Karin Waehner, Zena Rommett, Merce Cunningham, puis Viola Farber et Quentin Rouillier. Il rejoint ensuite Dominique Bagouet jusqu’à la création de sa propre compagnie en 1985. Il a chorégraphié depuis 48 pièces, du solo aux grandes formes et s’associe régulièrement avec d’autres artistes : Enki Bilal, Air, Karlheinz Stockhausen, Jean Paul Gaultier, Laurent Garnier, Subodh Gupta, Laurent Mauvignier, Natacha Atlas, Azzedine Alaïa, Adel Abdessemed… Ses créations sont présentées dans le monde entier et reprises au répertoire de nombreuses compagnies, dont il reçoit également des commandes comme le New York City Ballet, le Staatsoper de Berlin ou le Ballet de l’Opéra de Paris. Il a réalisé plusieurs courts-métrages et films mettant en scène ses chorégraphies et a reçu plusieurs reconnaissances dont le « Grand Prix National de la danse » (1992), le « Benois de la danse » (1995), le « Bessie Award » (1997), « Les Victoires de la musique » (1997), le « Globe de Cristal » (2009).

« J’avais très envie de raconter une histoire, d’écrire quelque chose de concret et d’ouvrir une parenthèse féerique et enchantée. Pour ne pas tomber dans mes propres ornières sans doute. Et aussi parce que, comme tout le monde, j’adore les histoires. Ce ballet revêt une importance particulière pour moi – et je revendique le terme de « ballet » – puisqu’il réunit les 24 danseurs de la compagnie. Ils dansent sur les symphonies de Mahler dont les débordements magnifiques sont d’essence romantique. Historiquement, les contes de Grimm le sont aussi, même si leur style épuré nous ramène à une forme de contemporanéité. C’est une entreprise délicate que de chercher à émouvoir. Mais c’est un risque que j’avais envie de prendre, celui de créer un grand ballet contemporain… et romantique. Je suis fidèle à la version des frères Grimm, à quelques variations personnelles près, fondées sur mon analyse des symboles du conte. Bettelheim décrit Blanche Neige comme le lieu d’un Œdipe inversé. La marâtre est sans doute le personnage central du conte. C’est elle aussi que j’interroge à travers sa volonté narcissique de ne pas renoncer à la séduction et à sa place de femme, quitte à sacrifier sa belle fille. L’intelligence des symboles appartient aux adultes autant qu’aux enfants, elle parle à tous et c’est pour cela que j’aime les contes ».

Crédit photo : Olivier Metzger pour Télérama

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