Arletti, naissance d’un clown

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Complices depuis plus de vingt ans, François Cervantes et Catherine Germain explorent ensemble la voie du clown, la voix du corps. Depuis La Curiosité des anges en 1987 jusqu’à la création de Carnages en 2013 , ils ont façonné la figure du clown Arletti, interprété par Catherine Germain sous le regard bienveillant de son metteur en scène. Avec Le 6ème jour, écrit ensemble en 1995, ils prolongent leur réflexion sur le texte, la force du clown, Arletti se révélant comme un des grands personnages comiques et poétiques de son temps.

Pourquoi avoir choisi de travailler sur le récit de la Genèse ?
C’est François Cervantes qui a choisi la Genèse comme sujet de la conférence. Moi, je voulais faire vivre en solitaire cette créature qu’est Arletti, ce clown que j’avais fait naître dans un autre spectacle de François, La Curiosité des anges.
Alors, j’avais pensé à une conférence, comme lieu où le clown peut être amené à endosser un rôle, à avoir une place devant un auditoire. J’avais des envies de sujets scientifiques compliqués mais ils restaient anecdotiques. Il fallait que le sujet rejoigne ce qu’est profondément un clown. Il est un être qui a le désir de s’incarner et qui en cherchant à exister devant le public est comme un monde en gestation, d’un chaos initial à une métamorphose humaine.

D’où vient le texte de la conférence ? Comment l’avez-vous écrit ou composé ?
Il y a donc le texte de la Genèse dont nous avons choisi une traduction après en avoir lu plusieurs. Nous l’avons gardé intact. Ensuite, les commentaires d’Arletti et l’installation silencieuse du début ont été écrits par François et par moi.
Nous écrivions chacun de notre côté et le soir nous nous retrouvions pour voir ce que nous allions garder. C’est en tout cas un spectacle où l’écriture est première. Mais l’écriture du corps aussi est considérée comme première. Arletti était une créature (« un poème » comme dit François) déjà écrite avant de commencer le spectacle, puisque le personnage existait déjà dans un autre spectacle.

Pourquoi avoir choisi d’être un clown pour raconter cette histoire ?
Ce clown est très transparent. On voit ce qu’il pense. Dans l’histoire, c’est une partie importante du spectacle, c’est un être qui n’est pas constitué comme nous. Il est le lien entre l’étranger et nous, le rapport entre la salle et la scène. Il rassemble extérieur et intérieur, il comprend tout de la nature humaine.

Et pourquoi incarner l’image du clown Arletti dans vos spectacles ?
Pour François Cervantes, créateur de la compagnie L’Entreprise, avec laquelle je joue depuis 1986, il s’agissait de trouver un personnage qui permet de se balader d’histoire en histoire, un personnage hybride. C’était l’époque du film de Wim Wenders, Les Ailes du désir, cet ange qui cherche à s’incarner pour rencontrer les humains. Nous avons essayé de créer un personnage qui nous fasse « craquer », désarmant pour le public aussi. Le prénom Arletti allait bien avec cette silhouette.

Que voulez-vous transmettre dans cette interprétation ?
Quand le clown arrive sur la scène pour faire une conférence, il ne connaît rien au sujet, la Genèse. Il rêve juste d’être connu. Il a emprunté le sujet de la conférence ! Il nous fait rire, mais il nous incite aussi à nous interroger sur nous, sur nos angoisses.

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