Et si La Belle au bois dormant m’était contée…

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La version la plus ancienne connue de cette histoire est Perceforest, qui fut rédigée au XIVe siècle. Les versions les plus célèbres connues à ce jour sont celle des frères Grimm et celle de Charles Perrault, publiée en 1967 dans Les Contes de ma mère l’Oye.

Le conte de Perrault est basée sur Le Soleil, la Lune et Thalie de Giambattista Basile, publié à titre posthume en 1634. Dans le livre de Charles Perrault, c’est à l’occasion du baptême de leur fille que le roi et la reine organisent une splendide fête, conviant toute la cour et sept fées marraines. Chacune de ces fées bienveillantes offre un don à la princesse : beauté, grâce… c’est alors qu’une vieille fée, n’ayant pas été invité à cette somptueuse fête, se présente et assène à la princesse un sortilège mortel : la princesse se piquera le doigt sur le fuseau d’une quenouille, et en mourra. Bien heureusement, une des jeunes fées marraines, qui s’était retirée pour pouvoir parler en dernier, atténue la malédiction, et n’inflige qu’un profond sommeil de cent ans à la princesse, aux termes desquels un jeune prince viendra la réveiller.

Le conte de Perrault ne s’achève pas, comme le montrent souvent les adaptations pour enfants, sur le baiser du prince et le réveil du château tout entier ; le dernier tiers de l’histoire est beaucoup plus noir : la reine-mère, une ogresse, veut absolument, en l’absence de son fils, dévorer ses petits-enfants et sa belle-fille, accomodés d’une bonne sauce…Si ce chapitre, forcément moins poétique, n’est pas le plus réussi du conte, il y tient en volume une place importante.

Perrault dédie son conte à un public de la haute bourgeoisie, mais transforme toutefois les notions brutales présentes dans les contes plus anciens. En effet, dans le Soleil, la Lune, et Talia de Giambattista Basile ,Thalie, la princesse, est victime non pas d’un sortilège mais d’une prophétie. Le prince ne la réveille pas par un baiser mais l’agresse dans son sommeil, et ce n’est que lorsqu’elle donne naissance à ses deux enfants, toujours endormie, et que l’un d’eux lui tête le doigt ôtant ainsi l’écharde de lin qui l’avait plongée dans le sommeil, qu’elle se réveille.

Illustrations de Gustave Doré