Léonore Confino, une plume singulière

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Léonore Confino pose un regard terriblement lucide et acide sur notre époque.  Après Ring, Building et Les Uns sur les autres, des visons incisives du couple, du travail et de la famille, elle poursuit sur sa lancée avec Le poisson belge,  un texte vif, subversif, résolument moderne, qui suscite à la fois rire et émotion.

« L’idée du Poisson belge est née suite à une collection de rêves plus ou moins heureux / mystérieux liés à des enfants venus déstabiliser un monde adulte un peu trop sûr de son ascendance. Mais l’impulsion déterminante, bien réelle cette fois, a été lancée par ma fille qui s’est très tôt définie comme un poisson, trouvant refuge au fond de l’eau du bain parfois jusqu’à l’asphyxie… loin de la pesanteur de la ville. Cette petite m’a rappelé que tout être naît rugueux et singulier avant de se conformer à l’air ambiant, aussi pollué soit-il. Oui, j’ai dû admettre que d’année en année, j’avais poliment étouffé mon enfance. Il fallait renouer. À travers le rencontre entre Grande Monsieur et Petit Fille, j’ai donc voulu raconter une réparation : celle de l’enfant intérieur qui respire mal en soi.

Le choix de la Belgique a été induit par ma fascination pour les étangs d’Ixelles (à Bruxelles) qui, recouverts d’une brume opaque l’hiver, laissent deviner l’ombre d’étranges apparitions. Un univers propice à une rencontre surnaturelle. J’aimais aussi l’idée de « l’histoire belge » : un titre qui revêt la légèreté  apparente d’une histoire drôle, puis qui emmène ailleurs, l’air de rien. Mêler humour et onirisme s’est imposé comme un défi d’écriture. Encore un désir de réconcilier ce qui ne se mêle pas de manière évidente.

Comme cette frontière abolie entre âge adulte et enfance, le choix du masculin / féminin au sein de chaque personnage tente de rappeler que nous sommes libres de pas nous clôturer, que nous pouvons peut-être nous définir autrement que par des choix binaires. La question de l’identité profonde m’intéresse depuis toujours. Avec quels adjectifs peut-on se raconter aux autres ? Dans quels contours s’est on enfermés ? A quelles singularités a-t-on renoncé pour plus de tranquillité vis-à-vis de la société ? J’ai voulu expérimenter des personnages qui se définissent par des éléments inattendus : Petit Fille est asthmatique, se fabrique des branchies , est fascinée par les monstres marins tandis que Grande Monsieur mange uniquement de la nourriture  lyophilisée, porte un ventre rempli de couleuvre, apprécie d’être frappé régulièrement… cela m’amusait de tramer un jeu de piste, incitant à rassembler les pièces qui révèlent progressivement l’identité de ces personnages jusqu’au puzzle complet : à l’image du résultat de l’équation mathématique qu’ils peinent à résoudre ensemble au début de la pièce, ils sont une seule et même personne, Claude et Claude, l’adulte et son enfant intérieur.

Après l’écriture de Ring, Building et Les Uns sur les autres, des visons incisives du couple, du travail et de la famille, il était important pour moi d’explorer une forme dramaturgique proche du conte, libératrice par son issue positive et traversée par des épreuves  vectrices de transformations. Je suis touchée par la littérature japonaise, notamment l’œuvre d’Haruki Murakami qui parvient, par l’intrusion mesurée du fantastique / symbolique dans ses récits, à construire des contes profondément intimes. C’est dans cette voie que j’ai tenté d’orienter mon travail, espérant que les spectateurs se laisseront emmener dans ce voyage entre conscient et inconscient ».

Note d’intention de Léonore Confino issue du dossier de presse.

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