« Radouan Leflahi, de l’Atlas aux fjords » Le monde

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Heureux qui, comme Radouan, a fait un beau voyage. A même pas 28 ans, il se voit offrir par David Bobée le rôle de Peer Gynt, un des plus énormes de tout le répertoire.

Lui, le jeune comédien inconnu mais que l’on avait remarqué, déjà, dans Roméo et Juliette et surtout dans Lucrèce Borgia, aux côtés de Béatrice Dalle, signés par le même metteur en scène.

Peer Gynt, c’est lui, Radouan ­Leflahi, dont le chemin pour en arriver là a été moins simple que pour d’autres. Comme le ­héros d’Ibsen, il est un fils sans père, élevé par sa mère, immigrée marocaine – « Berbère », précise­ra-t-il à plusieurs reprises –, et ses sœurs. Sa famille vient d’un ­village du Moyen-Atlas où il retourne souvent pour se «ressourcer», et en lui la poésie de ces montagnes-là s’unit à celle des fjords de Norvège.

Radouan Leflahi, comédien : « J’ai mis les bouchées doubles, notamment dans le travail sur la langue »

Il a voulu être acteur très tôt, dès l’âge de 6 ans. « Tout le monde s’est fichu de moi », constate-t-il. A remballé ses rêves. Le théâtre n’arrivait pas jusqu’au quartier de la périphérie de Rouen où il a grandi. Radouan Leflahi a passé un bac marketing et fait énormément de sport, lui qui était « comme une pile électrique ».

Pourtant, au lycée, une de ses profs lui souffle de ne pas laisser tomber. Le jeune homme s’inscrit au concours d’entrée du ­Conservatoire de Rouen. Dans le jury, Maurice Attias, le directeur du Conservatoire, et David Bobée décident de l’admettre à l’école. « Je ne connaissais rien, j’avais vu en tout et pour tout trois pièces de théâtre dans ma vie, mais j’ai été le plus heureux des hommes, malgré la violence sociale que m’a envoyée à la figure cette insertion dans un milieu très éloigné du mien, raconte-t-il. Et j’ai mis les bouchées doubles, notamment dans le travail sur la langue. »

Source Le Monde

Crédit photo Arnaud Bertereau