la reine margot, d’hier à aujourd’hui

dans
la programmation

[…] « Dans cette pièce, les personnages tuent au nom de Dieu. Chacun des protagonistes, catholique ou protestant, s’exprime et agit dans l’intérêt de sa religion. Et toujours, cette religion est utilisée comme un dogme, un argument infaillible. Le fanatisme au secours de mobiles politiques mortifères. Impossible de ne pas faire le rapprochement avec les événements récents qui bouleversent la France et l’Occident, les attentats islamistes. Les guerres de religions sont-elles si différentes cinq siècles plus tard ?

A la manière des Damnés de Visconti, La Reine Margot met en scène les auteurs d’un massacre à grande échelle et se place du côté des bourreaux. Dumas offre à voir aux spectateurs le mécanisme du complot. Comment des hommes peuvent-ils organiser, commanditer et exécuter la tuerie ? Dans La Reine Margot, tout se joue dans l’urgence et dans un fracas immense. Les personnages sont en mouvement perpétuel, jusqu’à être emportés par une fureur qu’ils ne contrôlent pas et qui les mènera au dénouement fatal. Dans ce tumulte, le son occupe une place de choix dans la mise en scène : tantôt la musique transmet cette fureur, tantôt elle esquisse la notion de sacré…

En contrepoint, Dumas célèbre l’amour. C’est un moyen de guérison essentiel dans son écriture : la passion qu’entretiennent Margot (catholique) et La Môle (huguenot) transcende leurs croyances… Comme l’amour, l’amitié est aussi une valeur-clé chez Dumas, sorte d’entremetteur pour des
personnages prédestinés à s’entre-tuer : La Môle et Coconnas renoncent aux armes et choisissent de faire front commun face à la barbarie. Comment ne pas trouver une portée universelle à ce discours humaniste et fraternel ? »

crédits photos : Kameliya STOEVA