Voir « La Danse du diable » quand on a 17 ans

dans
la programmation

Des élèves de lycée ont pris le temps de s’essayer au difficile exercice de la critique théâtrale et d’écrire sur cette véritable expérience de théâtre.

l’Avant Seine a décidé, non sans enthousiasme, de publier leurs textes.

« Et à la fin le seul regret a été  que cette pièce n’ait duré que trois heures. » Blandine, 1ère ES

La Danse du diable est une pièce de théâtre réalisée et jouée par le talentueux Philippe Caubère. Connu pour avoir, entre autre, tenu le rôle principal dans le film Molière d’Ariane Mnouchkine ; par qui il a été très marqué puisqu’il fait référence à elle de nombreuses fois dans sa pièce, et pour avoir joué le rôle de Joseph Pagnol dans les films d’Yves Robert, La Gloire de mon père et Le Château de ma mère. Cet acteur polyvalent, puisque capable de jouer au cinéma aussi bien qu’au théâtre, crée La Danse du diable, qu’il décrit comme étant une histoire comique et fantastique, en 1981. Dans un décor nu, composé seulement d’une chaise et d’un fichu, Philippe Caubère nous parle de Ferdinand Faure et de son entourage lorsqu’il a 5, 10 puis 18 ans au moment où il ne rêve que d’une chose…le théâtre. Pourtant ne il ne faut pas s’y tromper, le personnage principal n’est pas lui mais bien sa mère. A travers cette pièce on retrouve Johnny, le général de Gaulle, Sartre, Malraux… modelés de façon grotesque et hilarante ainsi que d’autres personnages attachants tels que Madame Colomer une bonne, communiste, venue d’Espagne. Tout ce panel de personnages et de bruitages (stupéfiantes reproductions du bruit d’une voiture, des effets du vent, etc.) nous ferait presque oublier que Philippe Caubère est seul sur scène. Il faut également rappeler que cet acteur de 65 ans joue sur scène pendant trois heures, n’hésitant pas une seconde à sauter, danser et même se jeter au sol. Ces trois heures nous ont au début effrayés mais on ne les sent pas du tout, et puis vous savez ce qu’on dit : quand on s’amuse on ne voit pas le temps passer. Et de l’amusement il y en a avec des imitations hilarantes de personnages célèbres ou bien d’un accent marseillais à pleurer de rire. Et bien qu’à quelques moments certaines références nous ont malheureusement échappé, l’énergie, les grimaces et la joie irradiant de cet extraordinaire et délirant acteur ont su illuminer notre soirée. Et à la fin le seul regret a été  que cette pièce n’ait duré que trois heures.

« Philippe Caubère ne faisait pas comme si le public n’existait pas, il enlève toutes sa barrières en s’approchant. » Mathilde, 1ère L

La Danse du diable met en scène plusieurs personnages ayant marqué la vie de Philippe Caubère comme sa mère, son ami, lui-même et même des célébrités ayant eu un impact sur lui comme Jean-Paul Sartre, Johnny Hallyday. Dans sa pièce, qui se veut autobiographique, il se prénomme Ferdinand. Philippe Caubère utilise beaucoup de comique de geste, surtout pour imiter les personnages, des mimiques de répétition. Il introduit directement le public dans l’histoire ce qui est très différent d’une pièce de théâtre habituelle. Il y avait beaucoup de références à avoir, donc je pense que ça a été plutôt compliqué pour nous de tout comprendre, mais il y avait énormément de rires dans la salle. Philippe Caubère ne faisait pas comme si le public n’existait pas, il enlève toutes sa barrières en s’approchant, en lui parlant, et même en lui crachant dessus! Il rappelle d’ailleurs dans la pièce, a plusieurs reprises, le fait que nous sommes dans un théâtre et que tout cela est une pièce, que ce soit en parlant des rappels de placement au sol, ou même de l’emplacement du théâtre… à Colombes. Grâce à des moments ironiques et amusants, mais surtout émouvants à la fin avec la musique forte et le jeu de lumière, ce qui nous rappelle d’ailleurs le cinéma. Les personnages qu’il imite sont extrêmement caricaturés, que cela soit dans la voix, ou dans l’apparence et les mimiques.
Personnellement, j’ai bien aimé la pièce mais il y avait énormément de références que je ne connaissais pas, peut-être parfois des blagues et des moments trop longs, mais j’ai eu beaucoup d’admiration pour un spectacle aussi long tenu seul sur scène!

« À aucun moment il ne dit faire du “one-man-show” mais personnellement j’estime qu’il en est l’ancêtre. » Mahï, 1ère L

Le mardi 10 novembre 2015 nous nous sommes rendus à l’Avant Seine, dit le théâtre de Colombes. Nous avons assisté à la représentation de La Danse du diable. Cette représentation théâtrale est écrite par Philippe Caubère et jouée par lui-même. Ce comédien marseillais qui maintenant âgé d’une soixantaine d’années joue cette pièce depuis 1980. Elle connaît un vrai succès chaque année à travers la France.
C’est durant prés de trois heures que Philippe Caubère interprète tout seul à l’aide de quelques affaires telles qu’une écharpe,un chapeau,un manteau et un banc de multiples personnages. Il joue sa vie, les mœurs de son enfance au sein de sa famille et les personnages célèbres de son époque comme Charles de Gaulle, Johnny Hallyday, Jean-Paul Sartre et le maréchal Pétain appelé dans la pièce « Maréchal Putain ». Lorsqu’il imite les célébrités, son interprétation est particulièrement réussie grâce aux mimiques semblables aux vraies personnalités. Néanmoins il n’oublie pas de les caricaturer pour susciter le rire chez les spectateurs. Tout au long de la pièce il improvise pour créer l’interactivité avec le public (l’épisode de la vitre). Il utilise beaucoup de connotations vulgaires et sexuelles amusantes par exemple lorsqu’il évoque la salade de fruits de mer et les moules. J’ai remarqué qu’en ce qui concernait notre classe, la plupart de mes camarades ne comprenaient pas toutes les références étant donné qu’il n’illustrait pas notre époque et que ce comédien ne fait pas partie du tout de notre génération. Par la suite il fut donc difficile de se remettre dans le bain pour suivre la réplique suivante. Mais il s’agit de l’unique défaut de cette pièce.
Le dénouement final de La Danse du diable exprime un moment tragique. L’allégorie du décès de la mère de Philippe Caubère est un moment poignant qui crée une rupture avec toute la pièce basée sur la comédie. Le voile blanc que suit le fils sans mère accompagné d’une musicalité digne de la cinématographie, recueillant le thème du deuil, montre une autre facette de cet homme si comique dont le décès fait aussi partie de sa vie.
Cet homme, pilier du théâtre du Soleil incarne un modèle pour les humoristes de maintenant comme Gad Elmaleh a pu le dire de nombreuses fois. A aucun moment il ne dit faire du “one-man-show” mais personnellement j’estime qu’il en est l’ancêtre. C’est l’un des premiers à jouer ainsi sur scène. Pour les années 80 c’est quelque chose de très innovant et frais , actuellement trente ans plus tard nous pourrions ne rien trouver de si pertinent dans son jeu de rôle dans le cadre théâtral. Mais toujours aujourd’hui les gens de toutes générations, adolescents comme adultes se rendent encore à ses spectacles.
Cette sortie nocturne m’a beaucoup plu. Le théâtre était beau et accueillant. Trois heures de show c’est assez long donc heureusement qu’il y avait une entracte très sympathique d’ailleurs, de quinze minutes. Les gens prenaient un léger verre de vin rouge ou bien un petit Perrier.  En conclusion tout fut sympathique. 🙂

Philippe Caubère a répondu :

 » Ces « critiques » sont à mourir de rire ! Tellement justes, adorables et si cruelles. La cruauté, la tendresse, la vérité, le génie de l’adolescence. «