Portrait d’une famille peu ordinaire

« Création d’envergure de Mehdi Kerkouche, chorégraphe chouchou des médias, « Portrait » (…) laisse voir de belles choses. Et une troupe de danseurs au talent contagieux. » Philippe Noisette – Les Echos

« Dans PORTRAIT Mehdi Kerkouche, qui n’aime rien plus qu’explorer le groupe, mêle hip hop, street jazz, contemporain, break, convoque un circassien et une danseuse duncannienne et réussi la fusion de tous ces styles. Il livre une pièce très visuelle, rythmée, entraînante, dont on ressort enthousiaste et ragaillardi. » Dephine Baffour – Journal La Terrasse

Lumière sur Portrait de Mehdi Kerkouche
Spectacle clôture de la 2ème édition du Festival En corps et encore

Portrait rassemble sur scène des danseurs aux influences multiples et aux individualités contrastées.

Les différents courants de danse existants fusionnent ici sur scène : hip-hop, voguing, ou bien encore le répertoire d’Isadora Duncan, considérée comme une des « mères » de la danse moderne. Ce courant prône la danse libre, caractérisée par l’amplitude, la souplesse de mouvements ondulatoires, la fluidité… Dans ce joyeux Portrait de famille hétérogène, c’est la danseuse Amy Swanson qui apporte cette influence et sa grâce, s’imposant comme la figure maternelle.

La pièce s’articule en effet autour du noyau intime, de la cellule familiale, dans laquelle le collectif explore les liens qu’on nous impose, qui unissent et désunissent. Est-il si évident de construire et de garder le lien avec ce qui nous est imposé dès la naissance ? Pourquoi avons-nous besoin de construire notre propre clan, notre famille de cœur ?

Dans une scénographie épurée, les danseurs apparaissent d’abord vêtus de noir, blanc, ou gris. Ils s’étreignent, s’échinent, s’empoignent, se couvent, s’éloignent, pour mieux se retrouver ? Ces mouvements constants font penser au battement d’un cœur qui se resserre, s’accélère, s’affole… Car quand on s’aime, les sentiments sont vertigineux et extrêmes. Par leur intensité, les danseurs donnent vie à ces photos de famille qui en un coup d’œil rappellent les bons et les mauvais souvenirs… comme un album vivant que l’on ne se lasse pas de feuilleter.

© Julien Benhamou

Un album mouvant rythmé par la musique électro de Lucie Antunes, jeune percussionniste, apparue sur scène à la batterie notamment aux côtés de Susheela Raman, Yuksek… Les différentes ambiances se succèdent, tantôt mélancoliques, lyriques… Puis une seconde partie offre un tout autre tableau, lumineux, enflammé, et revigorant au temps des seventies avec le son mythique Curtains d’Elton John.

Mehdi Kerkouche, le chorégraphe aux multiples facettes

Portrait est la nouvelle création de Mehdi Kerkouche, arrivé à la tête du CCN de Créteil depuis peu. Il s’est fait connaître notamment auprès d’artistes comme Angèle ou Christine and The Queens dont il chorégraphie les tournées. En 2017, il crée sa compagnie EMKA aux potentialités multiples, qu’il définit comme un « éloge de la nuance » afin de développer une recherche ambitieuse, « conjuguant énergie et poésie pour faire advenir un langage commun (é)mouvant, d’une puissante sensibilité, aux confluents de divers styles de danse. »

Il a été révélé au grand public lors du confinement, avec son défi lancé et relevé de créer le festival On danse chez vous : un marathon de danse réunissant soixante-dix danseurs sur Instagram pour des performances de 9 heures à minuit. Il a également été commissionné par Aurélie Dupont pour le Palais Garnier en 2020. Cette pièce pour dix danseurs du Ballet de Paris, Et si, a dû être jouée sans public du fait des contraintes sanitaires imposées à l’époque, mais ce fut la première pièce d’une telle ampleur à être diffusée sur les réseaux sociaux.

« La danse est une pilule du bonheur, la pratiquer produit des endorphines. Tout le monde sait danser. Il suffit de fermer les yeux, de suivre la musique et de se laisser porter. Tous les pas sont permis et les gestes maladroits sont les plus beaux. Ce sont des traces de notre énergie. Des lucioles. On ne voit plus assez de lucioles et on a tellement besoin de ces petits guides qui éclairent nos nuits. Alors, dansons ! » Extrait ITW Mehdi Kerkouche par Paola Genone (24/01/2023)